Dans un contexte où la durabilité et l’éco-responsabilité deviennent des enjeux essentiels pour l’industrie cosmétique, le COSM’AGRI Business Day se positionne comme un événement clé pour connecter l’agriculture et la cosmétique.
En tant que partenaire officiel de cet événement, The Beauty Analyst a eu le plaisir d’échanger avec Sandrine Lecointe, entrepreneure et experte en écoconception, qui est l’une des instigatrices de cette initiative. L’événement bénéficie également du soutien de partenaires et sponsors prestigieux tels que Cosmetic Valley, Cosmed, GS1, Laboratoire Expanscience, Berkem, et bien d’autres.
Dans cet entretien, Sandrine Lecointe nous dévoile les enjeux majeurs du COSM’AGRI Business Day et partage ses réflexions sur la façon dont cet événement permettra de rapprocher les agriculteurs et les industriels de la beauté.
Entrepreneure avant tout, Sandrine côtoie l’écosystème des cosmétiques naturels dans leur globalité depuis 2013. De la graine à la fin de vie, la filière cosmétique n’a plus de secret pour elle. Et c’est forte de son expérience de marque puis d’associée dans un laboratoire cosmétique qu’elle forme aujourd’hui, accompagne écoles et entreprises à écoconcevoir. Elle conseille aussi les agriculteurs dans leur choix de diversification vers l’industrie. Auteure, elle a coordonné l’écriture de l’ouvrage « Le Guide de l’Écoconception cosmétique » aux Éditions Eyrolles (2023) avec 8 experts passionnés.

Pourquoi COSM’AGRI Business Day ? Pour quelles raisons est-il essentiel de connecter le monde de l’agriculture et celui de la cosmétique ?
Notre initiative COSM’AGRI Business Day répond à une évidence : Car avant d’être un produit cosmétique, il y a d’abord un ingrédient actif, cultivé par un agriculteur. Lorsque j’accompagne les marques en écoconception, cette notion n’est pas assez travaillée. Les agriculteurs, quant à eux, n’ont pas conscience de nos tendances comme de nos obligations légales. Une reconnexion aujourd’hui qui est donc devenue impérative aux vues de nos défis présents et futurs.
De plus, le changement climatique intensifie les phénomènes météorologiques extrêmes, ce qui détériore nos sols. C’est un fait : l’adaptation est obligatoire ; la solution réside dans nos champs, dans la manière dont nous cultivons et utilisons ces ressources agricoles.
Les évolutions réglementaires et les attentes des consommateurs exigent également une traçabilité accrue et une réduction de l’empreinte carbone des produits. Analyser le cycle de vie complet des ingrédients devient une nécessité absolue si on veut respecter les Accords de Paris.
Enfin, s’orienter vers une économie circulaire où la valeur est partagée équitablement devient aussi primordial. Pour les agriculteurs, c’est l’opportunité de valoriser les co-produits et d’augmenter la valeur ajoutée de leur ingrédient. Pour l’industrie cosmétique, c’est l’accès à des nouveaux ingrédients, durables et porteurs de sens. C’est aussi de nouveaux récits, plus transparents et authentiques.
C’est pourquoi, avec Mélanie Lacombe du COFARMING et Émilie Obre d’Elysia Bioscience, nous avons conçu cette journée profondément novatrice : notre ambition est de créer ce lien entre agriculteurs et industriels, de repenser la place de la cosmétique au cœur de l’exploitation agricole et d’ancrer l’éco-conception de nos produits dans une relation directe avec ceux qui cultivent et travaillent la terre pour un sourcing plus durable.
Quelles adaptations doivent envisager les agriculteurs pour répondre aux besoins croissants de la cosmétique éco-responsable ?
Il y a 1000 adaptations, 1000 solutions ! C’est l’opportunité de se réinventer. Les agriculteurs pourraient :
- Adopter des pratiques agroécologiques (bio, régénératives) garantissant des ingrédients sains sans résidus de pesticides.
- Diversifier leurs cultures avec des plantes à haute valeur ajoutée pour la cosmétique (aromatiques, médicinales).
- Développer des compétences en première transformation (distillation, séchage) pour capter davantage de valeur.
- Se structurer collectivement pour mutualiser les investissements et négocier des contrats équitables.
- Mettre en place une traçabilité transparente répondant aux exigences réglementaires et aux attentes des consommateurs.
Etc ! Cette liste n’est évidemment pas exhaustive ! Pour en savoir plus, il va falloir venir le 20 mai à Bordeaux.
Quels sont les nouveaux paysages agricoles et comment influencent-ils l’industrie cosmétique ?
Les paysages agricoles français se métamorphosent petit à petit, conséquence directe des dérèglements climatiques, et cela révolutionne l’approvisionnement de l’industrie cosmétique et parfumerie.
En 2025, on peut déjà trouver dans les Pyrénées-Orientales, des cultures de figuiers de Barbarie sans irrigation ni pesticides. Dans le Gers, des caroubiers résistants à la sécheresse, sans compter les cultures qui montent géographiquement comme également les fleurs de Grasse qui peuvent se retrouver dans la vallée du Rhône.
L’agriculture française se réinvente face au climat changeant, et peut offrir aux industriels de la Beauté des opportunités d’approvisionnement local pour des ingrédients qui autrefois étaient importés.
De nouvelles approches agricoles décarbonées sont aussi à souligner dans la transformation de nos paysages car elles transforment la qualité et la valeur de nos ingrédients cosmétiques. L’agroforesterie produit des ingrédients précieux tout en séquestrant du carbone, ou l’agriculture régénérative restaure la biodiversité, offrant ainsi des matières premières plus concentrées en principes actifs.
Ces transformations répondent à des enjeux majeurs tels que l’anticipation des futures réglementations, la traçabilité souhaitée par les consommateurs, et la différenciation par des ingrédients à forte identité territoriale qui enrichit le storytelling des marques.
C’est là tout ce que nous allons aborder, de ces nouveaux paysages à horizon 2030-2040, avec notre invité d’honneur, Serge ZAKA, agroclimatologue de renom et conseiller du Ministère.
Comment éduquer les consommateurs sur l’importance de la durabilité et d’une consommation responsable ?
Pour éduquer les consommateurs, une communication qui ne culpabilise pas mais qui inspire est un prérequis. Un discours simple, clair, vérifiable et qui transforme la durabilité d’un concept en choix quotidien évident et valorisant.
Donc une transparence de A à Z ! Dévoiler l’origine agricole des ingrédients, leurs conditions de production et leur impact environnemental afin de créer une prise de conscience immédiate. Les marques doivent transformer leurs packagings en véritables outils pédagogiques, avec des informations claires et des QR codes menant à des contenus éducatifs approfondis. Une table ronde dédiée au sujet de la chaîne d’approvisionnement est prévue le 20 mai !
Un autre point qui me parait important dans l’expérience immersive autour d’un produit, c’est d’organiser des expériences mémorables (visites de fermes productrices d’ingrédients cosmétiques), proposer des ateliers de formulation mettant en valeur les pratiques durables, ou créer des expériences digitales permettant de visualiser l’impact des choix de consommation. Ces moments d’immersion transforment la compréhension abstraite en conviction personnelle. Et cela fidélise !
Enfin, je pense également à la valorisation des comportements vertueux chez nos consommateurs : mettre en place des programmes de fidélité récompensant le recyclage des emballages par exemple, encourager l’utilisation complète des produits par des conseils d’usage optimisé, ou aussi célébrer les consommateurs engagés comme ambassadeurs d’une beauté plus responsable. Des idées comme cela, il y en a plein et des jolies marques engagées pour le Vivant le font déjà très bien aussi ! Justement, le 20 mai, elles pourront témoigner de leurs actions en lien direct avec leurs producteurs, et ça ça ne se manque pas non plus !
Les places pour le COSM’AGRI Business Day sont disponibles ici, mais elles sont limitées. Ne manquez pas cette occasion unique de participer à un événement clé pour l’avenir de l’industrie cosmétique et de l’agriculture durable.